1996 Marie Hélène Allain

Portrait de Marie Hélène Allain, Strathbutler 1996

Portrait de Marie Hélène Allain, Strathbutler 1996 (photo – James Wilson)

… témoignent de l’élan créateur dans chaque être qui, en dépit des limites de temps et de lieu qui lui sont imposées, aspire sans cesse à la communion avec le divin …

Le jury a tenu ces propos à son égard : “Dans son parcours d’artiste, elle a vécu, étudié et travaillé presque exclusivement dans la région délimitée par le prix Strathbutler. Mais son œuvre se situe au-delà de l’expression régionale, témoignant d’une maîtrise des techniques et de l’esthétique qui la transforme en un chant universel.”

Allain se sert de la pierre, du métal et du bois pour retracer l’aventure spirituelle de l’existence humaine. Dans ses sculptures intensément personnelles, ses matériaux symbolisent certains aspects de son patrimoine acadien. Ses assemblages témoignent de l’élan créateur dans chaque être qui, en dépit des limites de temps et de lieu qui lui sont imposées, aspire sans cesse à la communion avec le divin.

La carrière artistique de Marie Hélène Allain s’étend sur plusieurs décennies et a été ponctuée d’expositions solos et de groupe au Canada, aux États-Unis et en Europe. Elle a répondu très tôt à sa vocation religieuse et son cheminement spirituel est souvent évoqué dans ses œuvres. Elle se démarque en tant que leader dans la communauté acadienne par son travail d’éducation et de mentorat.

Ses œuvres font partie de nombreuses collections publiques, notamment la Banque d’œuvres d’art du Conseil des arts du Canada, la Banque d’œuvres d’art du Nouveau-Brunswick et les collections du Musée du Nouveau-Brunswick, de l’Université de Moncton et de la Ville de Moncton. L’ouvrage majeur de Carolle Gagnon, Marie Hélène Allain : Le symbolisme de la pierre, est la principale publication traitant de sa vie et de son œuvre.

À la suite de l’attribution du prix Strathbutler, madame Allain a été invitée à siéger au conseil d’administration de la Fondation Sheila Hugh Mackay, où elle se dévoue à l’intendance du legs de Sheila Mackay.

Dans les mots de l’artiste

Ma carrière a connu quelques étapes distinctes mais une même poursuite échelonne tout le long de son parcours.

Dans les années 1968 à 1970, je prenais conscience de la magie de la création artistique. C’est la force de la vie que dégageaient les œuvres d’artistes tels que Michel-Ange, Moore, les Inuits, qui m’a d’abord fascinée. Abandonnée à mes premières découvertes, ce fut par la forme abstraite et organique, taillée directement dans la pierre que j’ai tenté d’exprimer cette force de vie à mon tour. Quelques duos de formes complémentaires sont aussi apparus pendant cette première période, ce qui s’est continué par après.

Ensuite, des formes en partie polies et en partie à l’état brut, à l’allure d’éléments détachés d’une forme mère, se sont manifestées.

De l’exploration des textures variées des pierres, mon attention s’est portée sur des pierres déjà sculptées par l’érosion, l’usure ou l’oxydation, bref, sur des pierres ayant une histoire autre que celle de devenir pierres. Ces pierres trouvées ont pris un nouveau sens lorsque placées dans un contexte différent, juxtaposées ou assemblées à d’autres matériaux. Un autre processus de travail était alors devenu évident, celui de l’assemblage. Tandis que l’éloquence des premières sculptures dépendait uniquement de la forme d’expression de formes monolithes dégagées des blocs de pierre, les dernières œuvres devenaient significatives par le rapport établi entre les divers matériaux assemblés.

Des matériaux choisis pour leurs caractéristiques propres, sont devenus des symboles éloquents pour moi, et c’est ainsi que j’ai commencé à explorer le symbolisme.

Quoique mes œuvres actuelles soient très différentes des premières, en apparence, une trame s’est maintenue depuis les débuts de ma carrière, c’est l’exploration des forces de la vie. Si mes préoccupations et mes intérêts sont restés les mêmes, ils se sont cependant approfondis et précisés avec les années.