2016-01-20

Acquisitions récentes

2021

Bruce Gray

Une armoire réalisée par Bruce Gray vient de s’ajouter à la collection Sheila Hugh Mackay d’œuvres de lauréats du prix Strathbutler au Musée du Nouveau-Brunswick​.

 

Bruce Gray armoire : Fractured, 2021

Bruce Gray
armoire : Fractured, 2021

Bruce Gray
armoire : Fractured, 2021
acajou du Honduras, orme de Fredericton (N.-B.), peuplier échauffé, bocote d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, bambou, laiton et aimant à terres rares.
dimensions hors tout : 118 × 29 × 19 cm
autre (chaque tiroir) : 8,5 × 24,2 × 13 cm
autre (chaque étagère amovible) : 1,4 × 24,3 × 13,1 cm
Collection Sheila Hugh Mackay d’œuvres de lauréats du prix Strathbutler, achetée avec des fonds fournis par la Fondation Sheila Hugh Mackay Inc., 2021 (2021.1)
Collection du Musée du Nouveau-Brunswick

Dans le cadre de l’enrichissement continu de la collection Sheila Hugh Mackay d’œuvres de lauréats du prix Strathbutler, supervisée par le Musée du Nouveau-Brunswick, une armoire conçue par le Prix Strathbutler 2019, Bruce Gray, de Kars (Nouveau-Brunswick), a été récemment acquise.

« C’est un grand honneur pour nous de contribuer à la constitution de la collection des lauréats du prix Strathbutler au Musée du Nouveau-Brunswick », déclare la directrice générale de la Fondation Sheila Hugh Mackay, Kathryn McCarroll. « Cette collaboration fructueuse combinée à un engagement renouvelé garantit l’acquisition, la documentation, la préservation et l’interprétation d’œuvres importantes réalisées par les grands talents artistiques de notre époque. »

Bruce Gray conçoit des meubles d’une qualité exceptionnelle qui traduisent non seulement une philosophie, mais aussi une approche méthodique du travail. Pour cet artiste, le titre de l’œuvre, Fractured, fait référence à la situation économique, sociale et culturelle actuelle. Malgré un profond fossé, nous sommes très attachés aux racines (panneau du bas), mais, si l’on y regarde de plus près, nous partageons des valeurs fondamentales qui comblent le fossé (étagères). Il y a donc de l’espoir.

Cette armoire, commandée par le MNB, met en évidence les compétences exceptionnelles de ce maître ébéniste qu’est Bruce Gray. L’armoire est constituée d’une pièce d’orme hors du commun provenant de la Ville aux ormes majestueux, Fredericton. Le coffret, les étagères et la poignée sont faits d’autres essences de bois, spécialement sélectionnées par l’artiste.

Voici, selon la déclaration de l’artiste du 20 mars 2021, les origines et la signification de ce meuble :

L’œuvre de Bruce Gray vise surtout à remettre en question les idées préconçues du public en matière de valeur. Ce qui est important et ce qui doit être éliminé. Ce qui est défectueux et ce qui est spécial. La conception de l’armoire est guidée par le panneau de la porte, une fissure autrefois remplie d’écorce d’orme. Un morceau qui, normalement, selon les pratiques forestières, serait jeté, est ici honoré comme point central d’une œuvre d’art. Les façades de tiroir, dont l’intérieur est composé de bois échauffé (c.-à-d., partiellement pourri), font écho à ce thème. Bruce Gray trouve que les matériaux naturels, comme les personnes, deviennent souvent plus richement complexes et intéressants avec l’âge.

La simplicité trompeuse est un autre thème cher à l’artiste. Le panneau est l’élément central de ce travail. Le coffret, subordonné et complémentaire, présente des lignes épurées auxquelles une menuiserie interne dissimulée fait contraste. Même les joints intérieurs sont cachés. La seule exception concerne les côtés des tiroirs qui ne sont visibles qu’une fois sortis. Ces joints sont destinés à être découverts. Les charnières à ressort et les ferrures de support d’étagère en laiton incrusté, simples et aux tons chauds, s’harmonisent avec la chaleur du bois. Une simplicité trompeuse, des lignes simples et épurées, mais un total de 179 pièces.

Un troisième thème qu’on trouve souvent chez Bruce Gray est le caractère pratique de la création. Il s’agit peut-être d’une œuvre d’art, mais elle doit aussi pouvoir être utilisée comme en témoignent les étagères réglables, le jeu de tiroirs et la plaque de suspension prépercée.

Pour Bruce Gray, la conception des poignées est un plaisir. En plus des prises des tiroirs, la poignée de la porte est la seule partie de l’œuvre qu’il est possible de toucher. Plaisir pour l’œil, la poignée est aussi invitante au toucher. Elle complète l’ensemble de l’œuvre, tout en restant parfaitement fonctionnelle. Le bois de la poignée de porte, du bocote, a été choisi pour faire écho à la couleur du bord intérieur de la fissure. Larrête supérieure est légèrement arquée, répétant l’avant de l’arceau supérieur et inférieur, ainsi que les oreillettes du haut. Les courbes latérales et l’extrémité de la poignée renvoient, quant à elles, à la fissure.

Tenant à une rigoureuse précision de l’exécution, l’artiste a choisi, pour la partie arrière – qui se dérobe toujours aux regards –, des matériaux et une facture de manière tout à fait cohérente avec le reste du meuble. La forme choisie pour le panneau arrière conviendrait parfaitement à la façade de tout ouvrage de qualité.

Le chiffre trois a une grande signification pour Bruce Gray, comment en témoigne le nombre de tiroirs, au nombre de trois.

Bruce Gray s’est toujours distingué par la création d’ébénisteries exceptionnelles et par les pièces de bois hors du commun dont il s’inspire. En tant que tout récent ajout à la collection du Musée du Nouveau-Brunswick, cette pièce est le premier meuble de rangement du XXIe siècle à représenter le groupe d’artisans du meuble de la province qui, bien que petit, n’en est pas moins important. Il s’agit d’une version contemporaine, de très haute qualité, d’une tradition et d’un artisanat séculaires au Nouveau-Brunswick. À l’heure actuelle, il n’existe qu’un seul autre meuble de rangement signé Bruce Gray dans le domaine public. Fractured complète une autre œuvre récente de Bruce Gray, la table basse Earth (2020), qui est constituée d’une pièce de bouleau jaune madré à bordure naturelle hors du commun, rehaussée de granit, de sable et d’un panache de cerf.

Selon Peter Larocque, conservateur d’art du MNB, « Grâce à l’ajout de cette armoire superbement ouvragée de Bruce Gray, Fractured, la collection du Musée du Nouveau-Brunswick gagne en importance. Non seulement cette pièce rehausse sa représentation des techniques, des matériaux et des approches, mais elle renforce également son objectif de documenter un héritage exceptionnel de savoir-faire artisanal. »


 

2020

Bruce Gray

Bruce Gray - Earth | Photo: Rob Roy

Bruce Gray – Earth
Photo: Rob Roy

Table basse : Earth, 2020,
Bouleau jaune madré, granit de l’océan, sable et bois de cerf,
56,5 × 172,7 × 53,3 cm
Collection Sheila Hugh Mackay d’œuvres de lauréats du prix Strathbutler, achetée avec des fonds fournis par la fondation Sheila Hugh Mackay Inc., 2020
Collection du Musée du Nouveau-Brunswick.

Commentaire de Peter Larocque

Cette œuvre récente de Bruce Gray, Earth (2020), est constituée d’une pièce de bouleau jaune madré à bordure naturelle hors du commun, rehaussée de granit, de sable et d’un panache de cerf. Cette table évoque l’interconnexion des éléments du monde naturel. La pierre et le sable représentent la Terre, tandis que le panache de cerf évoque le ciel et le plateau en bois, le passage du temps et l’idée d’espace. La disposition et la forme inhabituelles des pieds de la table − décalés et plus espacés à une extrémité − sont liées à ces concepts, évoquant le règne animal et le mouvement. Cette œuvre a été mûrement réfléchie par l’artiste. Les anneaux annuels de croissance de la section transversale du tronc, le granit, le sable et les pointes du panache illustrent clairement le passage du temps. L’incrustation du granit, du sable et du panache dans la surface du plateau renforce l’unité de tous les éléments. À la fois objet utile et œuvre qui s’inscrit dans la tradition des arts décoratifs, cette table donne une dimension artistique au passage du temps et à l’environnement en soulignant leur éternité et leur fragilité.

Tous les matériaux que Bruce Gray a utilisés pour cette œuvre proviennent du Nouveau-Brunswick. Le bois vient d’un tronc de bouleau jaune inutilisé, racheté au Collège de Technologie forestière de Fredericton en 2005; la pierre polie par la mer a été trouvée sur un rivage de Deep Cove, à Grand Manan; le sable de traction vient de Kingsclear; le panache est issu de l’élevage de cerfs Kinghorne, à Grand Manan. L’origine néo-brunswickoise de ces matériaux vient renforcer encore plus l’importance globale de cette création.

Cette table basse est une œuvre d’une puissance saisissante qui transcende les frontières entre l’art et l’artisanat. Elle constitue un ajout de taille à la collection Sheila Hugh Mackay d’œuvres des lauréats du prix Strathbutler − une sélection d’œuvres d’art contemporain qui oblige à repenser des définitions et les caractéristiques traditionnelles des arts visuels du Nouveau-Brunswick.

 


 

2018

Herzl J. Kashetsky

Calligraphic Portrait of Fred Ross (Youth) by Herzl Kashetsky

Herzl J. Kashetsky (Saint John, N.-B., né en 1950)
Calligraphic Portrait of Fred Ross (Youth), 2015
Plume et encre de Chine sur papier vélin
68,5 x 51 cm
Collection Sheila Hugh Mackay des lauréats du prix Strathbutler, achetée grâce à des fonds provenant de la Fondation Sheila Hugh Mackay Inc. 2016 (2016.31.1)
Collection du Musée du Nouveau-Brunswick

 

Calligraphic Portrait of Fred Ross (Aged) by Herzl Kashetsky

Herzl J. Kashetsky (Saint John, N.-B., né en 1950)
Calligraphic Portrait of Fred Ross (Aged), 2015
Plume et encre de Chine sur papier vélin
68,5 x 51 cm
Collection Sheila Hugh Mackay des lauréats du prix Strathbutler, achetée grâce à des fonds provenant de la Fondation Sheila Hugh Mackay Inc. 2016 (2016.31.2)
Collection du Musée du Nouveau-Brunswick

 

Commentaire du conservateur Peter Laroque

Né en 1950, à Saint John, au Nouveau-Brunswick, Herzl J. Kashetsky mène, depuis presque un demi-siècle, une remarquable carrière de peintre, en toute indépendance. Après l’obtention de son baccalauréat en beaux-arts avec distinction de l’Université Concordia en 1972, Herzl J. Kashetsky suit, en 1977, trois mois d’études indépendantes à Florence et à Rome, en Italie. Il y documente son environnement immédiat, sa maison, son atelier, sa ville et son patrimoine. Herzl J. Kashetsky va participer à plusieurs importantes expositions individuelles et collectives, à l’échelle régionale et nationale. Ce portraitiste reconnu a reçu de nombreuses distinctions dans sa ville d’origine et ses carnets de croquis ont fait l’objet d’une grande exposition organisée par la Galerie d’art Beaverbrook à Fredericton, au Nouveau-Brunswick.

Le Musée du Nouveau-Brunswick possède 17 œuvres signées Kashetsky qui donnent une bonne idée de la nature et de la qualité de sa carrière. En 1976, le MNB fait l’acquisition de deux de ses peintures acryliques − Market Slip & Dock Street (1975) et Studio Interior. En 1982, à l’occasion d’une vente d’atelier, le Musée provincial se porte acquéreur d’une série de huit feuilles de carnet de croquis datant des années où l’artiste faisait ses études à Montréal et de deux autoportraits gravés sur bois (le MNB possède également une seconde version de l’une des gravures, mais qui n’est pas colorée à la main). En 1990, Leslie B. Marcus fait don de deux dessins du milieu des années 1970, puis, en 1995, c’est le Saint John Art Club qui transfère au MNB un dessin datant 1983, Letter to the Artist. En 2007, en vue de représenter l’œuvre de Kashetsky après 1983 dans toute son ampleur, le MNB fait l’acquisition d’une pièce importante, Paint Depot (2004). En 2014, Raisins, œuvre que Kashetsky a réalisée pour souligner l’obtention du prix Strathbutler 2013, vient enrichir la collection Sheila Hugh Mackay d’œuvres de lauréats du prix Strathbutler, présentée au MNB.

Ces deux œuvres marquent, pour Kashetsky, un retour à une technique calligraphique personnelle très raffinée. Il s’agit par-là de rendre hommage à son mentor et ami, Frederick Joseph Ross (1927-2014), les deux artistes ayant eu des ateliers dans le même bâtiment et travaillé en étroite collaboration des années 1980 au début des années 2000. Le premier dessin de Fred Ross, jeune homme, s’inspire d’une image tirée d’un article de journal. Ce portrait se démarque par une calligraphie bigarrée, insufflée par l’entrevue de l’article et le texte d’un discours que Fred Ross a prononcé à l’occasion du vernissage de son exposition de 1950 au Musée du Nouveau-Brunswick. Le second dessin de Fred Ross, représentant un homme plus mûr, s’inspire quant à lui d’une photographie prise par Herzl Kashetsky. La calligraphie y reflète des extraits des éloges funèbres prononcés par la famille et les amis lors du service funèbre de Ross en juillet 2014. Ces deux portraits de Fred Ross réalisés par Kashetsky renforcent la contribution de la Fondation Sheila Hugh Mackay à la collection Strathbutler, présentée au MNB et en constante évolution. Ces dessins sont également une manière, pour la Fondation, de souligner l’apport de Ross, à savoir la bourse Fred Ross créée en 2001 en reconnaissance de l’estime que lui portait la communauté artistique de la province.

 


 

2015

Paul Mathieson

Prelude to a Fireworks Display, Paul Mathieson. Acquise 2015

Prelude to a Fireworks’ Display; Paul Mathieson, 2015
Acrylique sur toile
76 cm x 127 cm

Commentaire de Peter Larocque

Paul Mathieson a créé un style reconnaissable entre mille qui repose sur l’utilisation habile du langage plastique, essentiel à toute création en arts visuels. En plus d’orchestrer soigneusement les relations entre les couleurs, les perspectives complexes et la simplification de la forme, cet artiste manie avec habileté la ligne, le motif et la texture pour unifier ses compositions. Ses peintures sont des récits complexes – ils sont élaborés avec soin, remplis d’allusions personnelles et semés de commentaires non seulement sur la société, le temps et les relations, mais aussi sur les mystères des motivations humaines.

L’œuvre de Paul Mathieson, Prelude to a Fireworks’ Display (acrylique sur toile) est énigmatique. L’espace qui y est représenté n’est pas sans rappeler un décor théâtral. Une foule de personnages posant et gesticulant sont réunis dans un endroit vaguement familier à un moment indéterminé. Des gens, des couples et de petits groupes vaquent à des activités apparemment indépendantes et non reliées – vivant ainsi une utopie effrayante – aseptisées, soit, mais néanmoins inquiétantes. Puisant dans les angoisses de la vie contemporaine, Paul Mathieson intègre des messages énigmatiques et des textes partiels à son tableau rempli d’incidents étonnants. Provocatrice, son œuvre défie le spectateur de s’engager à décoder l’ambiguïté qu’il a créée.