2017 Herménégilde Chiasson

Herménégilde Chiasson 2017(photo – James Wilson)

Les membres du jury ont salué ses réalisations dans les arts visuels ainsi que son travail soutenu en faveur de la vie culturelle de la province.

En recommandant M. Chiasson, les membres du jury, David Balzer, Victoria Henry, Aaron Milrad, Amélie Proulx et Tom Smart, ont salué ses réalisations dans les arts visuels ainsi que son travail soutenu en faveur de la vie culturelle de la province. « Nous sommes heureux de recommander Herménégilde Chiasson au prix Strathbutler 2017 en reconnaissance d’un corpus d’oeuvres profondément marquantes. Bien que nous reconnaissions la force de nombreux candidats, nous sommes particulièrement impressionnés par l’ampleur et la sophistication du travail de M. Chiasson ainsi que par sa reconnaissance et sa défense de l’histoire acadienne. En tant qu’artiste, M. Chiasson a non seulement beaucoup apporté à la province en sa qualité de leader et de mentor, mais il a également ouvert la voie à de futures générations d’artistes du Nouveau-Brunswick.

Auteur de la proposition de candidature de M. Chiasson, Thaddeus Holownia le décrit comme un « homme de la Renaissance … un modèle, un intellectuel, un créateur passionné et humble dont les réalisations dépassent largement le cadre de la scène artistique régionale ». Depuis sa première exposition professionnelle en 1967, M. Chiasson a en effet mené une carrière artistique riche et variée. En plus d’être bachelier de l’Université de Moncton et de l’Université Mount Allison, il possède des maîtrises de la Sorbonne, de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs, de Paris, et de l’Université d’État de New York ainsi qu’un doctorat de l’Université de Paris (Sorbonne). Peintre, cinéaste, dramaturge, photographe et écrivain, M. Chiasson repousse les limites de toutes les disciplines, évitant la promotion d’un style particulier en faveur d’une pratique éclectique axée sur la curiosité et la recherche. Fort de plus de 150 expositions dans de grandes galeries, M. Chiasson a mené une impressionnante carrière d’artiste visuel qui ne l’a pas empêché d’être également enseignant, membre d’organisations artistiques à l’échelle provinciale et nationale, officier de l’Ordre du Canada et homme d’État. Ainsi, au cours de son mandat de lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick, sa défense du secteur artistique a permis au gouvernement de mieux comprendre et d’apprécier la valeur des arts. Comme le mentionnait John Leroux quand il a désigné M. Chiasson pour le prix Strathbutler : « Herménégilde Chiasson incarne l’esprit d’une personne qui a atteint l’excellence dans son domaine, les arts visuels, et qui a apporté une contribution remarquable au Nouveau-Brunswick ».

Perpétuant une tradition établie par la fondatrice de l’organisme, Sheila Mackay, le plus récent lauréat du prix Strathbutler sera reconnu au cours d’une célébration publique. Le conseil d’administration a le plaisir d’annoncer que M. Chiasson recevra le prix le 20 octobre, au Centre culturel Aberdeen, parallèlement à l’inauguration d’une exposition rétrospective de son œuvre.

Dans les mots de l’artiste

En 2017, il y aura cinquante ans, dupuis Sélection 67, ma première exposition professionnelle au sens il y eut un catalogue et un commissaire qui a choisit les œuvres et écrivit un texte. Depuis cette époque qui me semble aujourd’hui fort lointaine j’ai étudié dans des institutions de grande renommée, enseigné, participé àla mise sur pied de galeries d’art et organismes divers, écrit de nombreux articles, servi comme commissaire mais surtout produit un ensemble de travaux que j’ai exposé ici, au Nouveau-Brunswick, sur la scène nationale te international.

Mon travail, s’est d’abord concentre sur des travaux de nature plus traditionnelle, principalement peinture et dessin. Pendant et suite à mes études à Mt Allison, je me suis intéressé à des travaux d’ordre plus conceptuel, travaux poursuivis en estampe de mes études en France à l’Ėcole nationale supérieure des arts décoratifs et à l’Université Paris 1 (Sorbonne). Ma thèse de doctorat en esthétique porte sur la photographie américaine, de qui m’a amené à poursuivre mes études l’Université de New-York et à incorporer l’image photographique dans mes livres d’artiste et dans plusieurs autre travaux. Mes longues études qui ont pris fin en 1983, soit à l’âge de 37 ans, son tune sorte de témoignage de l’immense rattrapage nécessaire à développer une pensée orientée vers la modernité, vers la pertinence et vers l’exigence d’une vision souvent à contre-sourant du milieu ambient.

Parallèle à mon activité d’artiste visuel j’ai aussi une pratique d’écrivain qui s’est souvent croisée à celle de mon travail comme artiste. Ceci m’a amené à faire œuvre de critique et d’essayiste car je suis convanincu qu’il est important de mettre des idées en circulation et de débâte de ces idées sur la place publique. Provenant d’une société et d’un milieu où ce type d’activités fait figure de mouveauté. Je me suis appliqué à faire en sorte que nous puissions articular nos ambitions et trouver le moyen de les mettre en circulation. En ce sens mon engagement envers la communauté s’est toujours articulé sur pluieurs axes mais principalement en essayant de faire de la culture et de l’art en particulier des éléments importants de notre présence et de notre devenir. Je considère comme un honneur et un privilège le fait d’avoir pu faire ma contribution artistique ici au Nouveau-Brunswick.

Pour ce qui est de mon travail artistique je me rends compte que j’ai fait une sorte de retour complet au sense où, après avoir œuvre de nombreuses années dans une perspective plus conceptuelle, je suis revenue vers la figuration et la peinture. La plupart de mes expositions sont organisées autour d’un thème, d’une technique ou même d’une couleur qui leur donnent une unité en rapport avec le lieu où ells prennent place. Ceci m’a porté vers une vision plutôt éclectique en accord non pas avec un style en particulier pour mettre de l’avant une recherche et une curiosité qui selon moi sont beaucoup plus porteurs d’innovation. Je sais aussi qu’on échappe pas à soi-même et qu’il se dessine à notre insu une manière de voir et de faire qui de l’extérieur, finit par être identifié à un style.